Extrait de recueil Le canton de Chatillon-en-Bazois, rédigé par l’abbé Paret
L’Abbé Thomas Clément, curé-doyen de Chatillon-en-Bazois de 1848 à 1887, peut être regardé comme l’un des inventeurs de la « machine à écrire ». En feuilletant les premiers volumes de la « Société Nivernaise de Lettres, Sciences et Arts », nous pouvons lire :
« Sur l’invitation de M. le Président, M. Clément, curé de Chatillon-en-Bazois, présenta à la Société des essais et des épreuves typographiques qu’il a obtenues au moyen d’une machine de son invention et sans être obliger de composer à l’avance les planches comme cela se fait généralement aujourd’hui; il peut ainsi imprimer aussi rapidement qu’écrirait la main exercée d’un copiste de profession. Il craint d’en divulguer le mécanisme avant d’avoir obtenu un brevet qu’il va demander au gouvernement. »
Cela se passait le 9 juillet 1857, il y avait déjà quelques années que les Américains s’efforçaient de mettre au point le « dactylographe », en reprenant d’ailleurs un projet d’un Anglais, Henri Mill qui, en 1714, avait déposé un brevet n°395 alors qu’il était ingénieur à la New Riveer Compagnie à London.
La société Japy nous communique aussi qu’un Français, Xavier Progin, avait réalisé une machine, en 1833, qui serait à l’origine de la machine actuelle.
Cette Société nous dit également que l’abbé Clément aurait exposé sa machine à Paris, lors d’une exposition, en 1859.
On croit savoir en effet, qu’à cette époque, l’abbé Clément reçu la visite d’un individu qui se fit confier la machine, persuadant l’inventeur qu’il fallait la faire breveter et qu’il s’en chargeait.
Mais le visiteur disparut ainsi que la machine.
La machine à écrire de l’abbé Clément était constituée d’un clavecin, dont les touches avaient été reliées à des tiges de bambou à l’extrémité desquelles il avait fixé des caractères d’imprimerie.
En frappant les touches, les caractères s’imprimaient sur le papier après s’être encrés à leur passage par un procédé qui ne nous est pas connu mais qui nécessitait l’emploi d’une encre fluide qu’on faisait sécher grâce à une poudre.
A la mort de l’abbé Clément, on trouva un monceau de feuilles de papiers écrites avec sa machine à écrire: elles furent adjugées aux épiciers de pays qui en firent des cornets pour emballer leur marchandise.
Heureusement, un des ces documents, authentifié par la signature de l’abbé Clément, existe encore. C’est une liste d’enfants qui ont fait leur première communion à Châtillon-en-Bazois le » XX mai 1858 « . Cette feuille porte encore les traces de la poudre qui servait à sécher l’encre. A notre connaissance, ce document est certainement le premier papier tapé à la machine.